Hitman le film
S'attaquer à l'agent 47, c'est s'attaquer à un mythe du jeu vidéo. Les fans sont souvent attachés à tout ce qui fait un personnage. Ils attendent chaque nouvel épisode au tournant. Le monde du jeu vidéo ayant supplanté financièrement le cinéma, les gamers sont peut-être encore plus exigeants à chaque nouvelle production. Alors, lorsque le cinéma, relégué au second plan dans la balance commerciale, s'entête à adapter les icônes vidéo-ludiques sur grand écran, la sanction est souvent immédiate : adaptation infidèle à l'esprit du jeu, héros sali, scénario indigeste, réalisation bancale... A ce jour, on pourrait clamer sans trop se tromper qu'une seule adaptation de jeu vidéo a su en partie conquérir le coeur des joueurs : Silent Hill. Et bien depuis quelques jours, nous pouvons ajouter à ce dernier un certain Hitman.
Hitman, c'est l'histoire d'un homme sans nom et sans passé. On le décrit comme un assassin de l'ombre, un fantôme insaisissable. Il est LE mal nécessaire, celui que l'on mandate aux quatre coins du globe pour tuer malfrats et corrompus. Élevé par "l'Agence" pour tuer depuis son plus jeune âge, crâne rasé et affublé d'un code barre derrière la tête, il est simplement connu sous le nom de "47". On lui impute des meurtres par dizaines. Pour chacun, il ne laisse aucune trace. Mais un jour, un curieux message émanant de l'Agence lui fait part d'un témoin lors de l'exécution de son dernier contrat. En route pour intercepter sa cible, 47 tombe en fait dans un piège. Le film débute ainsi...
Très sincèrement, j'avais beaucoup d'à priori à aller voir ce film. Adaptation de jeu oblige, on craint forcément d'être déçu. Pour le choix de l'acteur principal également : Timothy Olyphant (le grand méchant dans Die Hard 4), jamais vu rasé, et pas vraiment la carrure ou le charisme d'un Hitman. La présence d'une jeune femme dans l'intrigue enfin. Hitman c'est un peu Iceman, le calme froid, l'absence de tout sentiment en apparence. Aurions-nous pourtant droit à une idylle mielleuse avec le divin chauve ?
Au final, je n'ai pas boudé mon plaisir. Olyphant se transcende au-delà de toute espérance pour incarner l'agent 47. Le charisme de l'assassin est quasi intacte. La palette d'armes est phénoménale et l'action haletante. De plus, la présence de la jeune femme incarnée par la sublime Olga Kurylenko n'est pas un mal tout compte fait. Elle permet d'humaniser juste ce qu'il faut notre héros pour lui donner plus de profondeur, mais sans jamais tomber dans la romance gnangnan. Une belle réussite que l'on doit une nouvelle fois, après Silent Hill, à un réalisateur français : Xavier Gens. Comme quoi, il est inutile de lorgner constamment vers Hollywood ;)