Infinite sadness
Ils sont ce que nous étions par le passé. Ils occupent quantité de notre énergie et nombre de nos pensées présentes. Et enfin, ils sont l'avenir. Les enfants de l'école de la République. Trois temps fusionnant en un même lieu.
Ce métier englobe tout. Il nous renvoie à nos peurs d'enfants. Il nous fait placer tant d'espoirs en des individus fragiles, parfois meurtris, et pourtant destinés à devenir.
Il nous arrache des sourires aussi bien que des larmes. Il dévore nos nuits et bouscule nos consciences. Il appelle tant de remise en cause de soi-même.
Pour un peu, il nous ferait croire que l'on peut gommer les erreurs du passé. Prévenir. Avertir. Pour qu'eux, qui n'ont rien demandé, ne passent pas par ce que l'on a pu endurer bien des années auparavant.
Mais parfois le mal est déjà fait...
"Papa et Maman se sont séparés hier... Maman ne vit plus à la maison". Alors l'insondable gouffre s'ouvre une décennie plus tard sous vos pieds. Il m'en aura fallu des forces ce jour là pour trouver quoi lui dire. "C'est pas ta faute tu sais". Une réponse à cent lieues de ce qu'elle aurait voulu entendre de ma bouche ce jour là. Pourtant princesse, comment te promettre tout ce que tu attendais de moi ? Comment te promettre que Papa et Maman continueront à être là pour toi, qu'ils ne se déchireront pas devant toi, qu'ils feront cause de pouvoir s'entendre le jour de ton anniversaire ? Comment te promettre que rien ne changera ? Alors que rien ne saurais être comme avant désormais.
L'école se mue en école de la vie, crépuscule où les contes de fées prennent fin et où la magie de chaque instant ne tient plus qu'à un fil, l'infime espoir de celui qui ose y croire encore.